Tuesday 8 August 2017

L’EUTHANASIE : LES TROIS FORMES D’EUTHANASIE

Placée au carrefour des questions morales, religieuses et politiques, l’euthanasie divise les Européens.

LES TROIS FORMES D’EUTHANASIE :


-L’euthanasie « active » : Le médecin ou un proche du patient provoquent le décès du patient si le choix est justifié. Cette hypothèse implique donc un acte positif de la part d’un tiers, l’injection d’une substance mortelle par exemple.

-L’euthanasie « passive » : Lorsque le patient refuse l’acharnement thérapeutique (alimentation ou hydratation artificielle stoppée, patient  plongé dans un coma pouvant provoquer la mort à court terme).

-Le « suicide assisté » : Lorsque le médecin montre au patient encore lucide une méthode lui permettant de mettre fin à ses jours le plus sereinement possible.



LA LEGISLATION EUROPEENE EN MATIERE D’EUTHANASIE :

Sydney Ohana Avis : La législation des Etats membres est différente en l’absence d’une harmonisation européenne.

Il est possible de classer les pays européens en trois catégories :

-Les pays qui autorisent l’euthanasie

-Les pays où l’euthanasie est interdite, mais où “une forme d’aide” à la mort est possible

-Les pays où l’euthanasie est strictement interdite

Les pays qui autorisent l’euthanasie « active » :

*Les Pays-Bas, premier pays au monde à avoir légalisé en 2001 l’euthanasie

*La Belgique

*Le Luxembourg

Position :  Des médicaments mortels peuvent être légalement administrés par un médecin, en cas de maladie incurable ou de souffrance intolérable, à des patients l’ayant demandé en toute conscience.

Seule la Belgique a autorisé en 2014 l’euthanasie des mineurs en phase terminale et qui en font la demande.

La semaine dernière, les Pays-Bas ont autorisé une jeune femme de 20 ans à se faire administrer une injection mortelle pour mettre fin aux terribles souffrances, jugées incurables, qu’elle endurait depuis des années, après avoir subi des sévices sexuels.

Les pays où l’euthanasie est interdite, mais où “une forme d’aide” à la mort est possible :

*La France

*Le Danemark

*L’Italie

*Le Royaume-Uni

*L’Allemagne

*La Hongrie

*La République tchèque

*La Slovaquie

Position : L’euthanasie « active » est interdite, mais l’abstention thérapeutique peut être autorisée (un patient incurable peut décider l’arrêt de ses traitements ; des médecins peuvent décider l’interruption des soins).

La législation en France – Loi LEONETTI 2005 :


Les 5 principes fondamentaux de la loi :


Interdiction de donner délibérément la mort à autrui (euthanasie « active « )

Favoriser les soins palliatifs qui permettent l’administration de médicaments limitant la douleur
Interdiction de l’obstination « déraisonnable ». Est considérée comme déraisonnable « l’administration d’actes inutiles, disproportionnés, ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie »

Respecter de la volonté des patients. Le patient est-il en mesure d’exprimer sa volonté ? Sinon, c’est le médecin qui prend la décision, après avoir recherché quelles pouvaient être la volonté du patient (existence de directives anticipées, consultation de la personne de confiance, de la famille).
Préserver la dignité des patients

Ce cadre législatif est l’aboutissement d’une mission parlementaire à la suite de l’affaire « Vincent Humbert », et vise à assurer la qualité de fin de vie au malade en dispensant les soins palliatifs et en reconnaissant le devoir de respecter la « dignité du mourant ».

17 Mars 2015, nouvelles mesures de la loi sur la fin de vie :


Le droit à une sédation profonde / Sédater plutôt que d’aider à mourir
Rendre contraignantes les directives anticipées des patients
L’alimentation et l’hydratation artificielles restent bien des traitements et peuvent donc être arrêtées en fin de vie

Les pays où l’euthanasie est strictement interdite :


*La Grèce  

*La Bosnie 

*La Croatie 

*La Serbie 

*La Pologne 

*L’Irlande 

*L’Islande 

Position : L’’euthanasie, sous ses différentes formes, est interdite. Elle est punie au même titre qu’un homicide.

LE DEBAT EN FRANCE :


Sydney Ohana Avis : Sondage après sondage et fait divers après fait divers, les Français se déclarent, dans une immense majorité, favorables à une aide active à mourir pour soulager les personnes souffrant de « maladies insupportables et incurables » (sondage publié fin octobre 2014 par l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité).

Arguments « Contre l’euthanasie »

L’euthanasie est un homicide. C’est l’effraction de l’un des interdits fondateur du droit

Dans la majorité des pays, le fait de tuer une autre personne est un homicide, même si l’intention est de « soulager la douleur », et même si la personne est en phase terminale d’une maladie.

L’euthanasie n’a plus sa raison d’être avec l’avènement des soins palliatifs.
Les soins palliatifs fournis par une équipe bien formée arrivent à contrôler la souffrance physique, psychologique, sociale, spirituelle et existentielle.

Impossible d’établir des balises vraiment strictes pour limiter l’euthanasie aux personnes pour lesquelles elle est prévue dans la loi (dérapages observés en Belgique).

Une demande de mort, même réitérée, n’est jamais tout à fait à sens unique, et peut exprimer aussi, au même moment, le désir de vivre, d’être soulagé, d’être reconnu comme personne vivante.

Les pressions morales subies par les proches peuvent aussi être un facteur inducteur de choix incitant le patient à prendre une décision.

Arguments « En faveur de l’euthanasie »


L’article 16 du Code civil, énonce que « La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie ».

Or, lorsqu’une personne est atteinte d’une pathologie lourde, incurable, souvent évolutive et à l’issue fatale, en proie à d’intenses souffrances physiques, elle voit la mort comme une délivrance, l’ultime moyen de reprendre le contrôle de sa vie.

A la dégradation du corps vient s’ajouter la souffrance psychique qui peut être encore plus violente, lorsqu’elle constante et inapaisable, malgré toutes les thérapies possibles.

La légalisation de cette pratique ne signifie pas un « permis de tuer » pour les médecins, mais la faculté pour une personne de recevoir, à sa demande consciente et réitérée, une aide à mourir.

0 comments:

Post a Comment